Arrêt sur images à Mareuil sur Lay et ses environs
Les halles de Mareuil sur Lay
Point de passage du Lay idéalement situé entre plaine, bocage et marais, Mareuil était autrefois un centre commercial important. En 1698 dans son « Mémoire concernant la province du Poitou », l’intendant Maupeou d’Ableiges mentionne qu’« il s’y tient des marchés et foires, et on y peut charger des denrées et les transporter à la mer par cette rivière »[1]. Sur le plan de « Maroeüil en bas Poitou sur la Rivière du Lay » en 1704, Claude Masse précise qu’« il s’y tient tout les vendredy un beau marché ou ils s’y chargent quantitée de volailles pour la Rochelle, il s’y tient aussi plusieurs foires. Les rues du bourg sont très sales en tout temps »[2].
Le bourg de Mareuil fut très exposé pendant les troubles révolutionnaires, aussi ses halles se trouvaient-elles « dans un état de délabrement tel que des réparations urgentes s’imposaient. A chaque instant des pierres se détachaient de murs en surplomb : la charpente était disloquée et des tuiles projetées dans toutes les directions. »[3] La municipalité, bien que n’étant pas propriétaire, entretient tant bien que mal l’édifice essentiel pour le commerce local. En 1866, un jour de marché, un poteau s’est détaché et a blessé légèrement de nombreuses personnes [4] ; la municipalité propose alors d’acquérir et de reconstruire les halles ou d’en interdire l’usage à cause des dangers encourus.
Victor Clair, architecte départemental, en fait la description en février 1866 : « Les halles de Mareuil, qui semblent dater de plus de deux siècles d’après une inscription sur une des pièces de la charpente, se composent d’une nef principale, avec deux bas-côtés, le tout d’une forme rectangulaire de 39 mètres de longueur, sur une largeur de 13 mètres, à l’extrémité nord-ouest se trouve un appentis de 8m50 de long sur 5m30 de large.
Des poteaux en bois longitudinaux supportent les fermes de la nef et les sablières supérieures des bas-côtés ; ces poteaux, et ceux qui se trouvent à l’extérieur, assis sur des dés en pierre brute ou sur de la maçonnerie en mauvais état, sont pourris par le bas, il en résulte un défaut d’aplomb presque général. Les sablières extérieures sont cassées en beaucoup d’endroits ; elles sont maintenues par de simples perches reposant sur le sol.
En général, toutes les pièces d’assemblages, arbalétriers, poinçons, liens, ne tiennent plus dans les mortaises, les tenons sont pourris ; il en est de même des étagères intérieures. »[5] et de conclure qu’une réparation partielle est impossible, que tout est à démolir.
La commune de Mareuil devient finalement propriétaire de l’édifice et le fait démolir en 1867. De nouvelles halles (moins longues) sont reconstruites en 1868 : « un plan rectangulaire ayant une nef principale de 27m de longueur sur 6m50 de largeur et deux bas-côtés. La nef principale, destinée aux marchands forains aura pour accès quatre portes, deux dans les pignons extrêmes, et deux dans l’axe transversal et communiquant aux bas-côtés.
Les bancs disposés autour avec des échelettes et des étagères offriront aux marchands 24 places de 2 mètres de longueur chacune.
La charpente est en bois, et la couverture en ardoises, trois fenêtres placées sur chaque mur latéral, et deux autres au-dessus des portes des pignons éclaireront suffisamment cette partie principale de l’édifice.
Les deux bas-côtés de 2m50 de largeur chacun recevront une seule rangée de bancs, ils serviront d’abri aux habitants de la campagne qui viennent les jours de marché ordinaire. »[6]
En 1923 ces halles en pierre sont démolies, le remblai obtenu est utilisé pour niveler la place du monument aux morts. Une nouvelle place des halles voit le jour en 1924 restée dans la mémoire mareuillaise sous le nom des « halles parapluie ».
En 1951 le conseil municipal décide la construction, sur la place du
marché, d’un marché couvert exécuté par les Etablissements Poiraud,
constructions métalliques à la Roche sur Yon. « Le bâtiment destiné
à servir de halles, pourrait être envisagé pour être destiné à servir
de salle de réunions. En conséquence, des banquettes de bois se
rabattant sur les murs seraient prévues. »[7] Les nouvelles halles,
à structures métalliques, sont donc couvertes et closes de murs ; c’est
l’édifice actuel.
Ouest France du 16 juin 1951
Ouest France du 1er mars 1947
En septembre 1970 la commune achète les immeubles Bertrand, Rayneau et Lehoux situés devant la porte ouest des halles et procède à leur démolition. Un parking est aménagé à cet emplacement.
Autrefois poumon économique de la cité, le quartier du marché, entouré de boutiques, a progressivement perdu de son attractivité au profit l’actuelle rue Hervé de Mareuil créée suite à la construction du pont neuf en 1806. Divers aménagements et travaux d’entretien sont réalisés, notamment au cours des dernières décennies, pour revitaliser la place des halles.
[1] DUGAST-MATIFEUX, Etat du Poitou sous Louis XIV, Pierre Robuchon libraire éditeur Fontenay le Comte, 1865, p.417.
[2] Claude MASSE, Plan de Maroeüil en bas Poitou sur la rivière du Lay, 1704.
[3] Louis BROCHET, Le canton de Mareuil sur Lay à travers l’histoire, Fontenay le Comte, 1911, p. 138.
[4] Roselyne DURET, Les halles de Mareuil sur Lay, Au fil du Lay n°4, 1984, p.13.
[5] Victor CLAIR, Archives municipales de Mareuil, cité par Roselyne DURET, op cit., p. 12 & 13.
[6] Ibid, p.18 & 19.
[7] Délibérations du conseil municipal de Mareuil sur Lay, ADV, AC 135 9, p. 13 & 21.
Pascal Pallardy, mars 2021
Crédit photos :
Carte postale ancienne en haut de page (avant 1917) = Edition Eugène Guitton, Mareuil sur Lay et phototypie Vasselier Nantes
Carte postale ancienne (avant 1907) = G.M.D. Dugleux, La Roche sur Yon
Carte postale ancienne (entrée côté est) = Collection Robin, Fontenay le Comte
Carte postale ancienne (1924) = J Nozais, Nantes
Photos couleur de juin 2020 © Pascal Pallardy
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